Toujours debout

Antoinette Fouque est une de ces femmes que j'aime outre mesure.

En effet, l'adolescente que je fus s'est affirmée dans ses choix politiques et son humeur rebelle l'année d'élection de Giscard, alors qu'Antoinette Fouque créait, cette même année, les Editions Des Femmes.

Je découvrais ainsi avec délectation le livre d'Elena Gianini Belotti, "du côté des petites filles", dont seul le cousinage avec l'auteur avait -au départ- sollicité ma curiosité et mon enthousiasme.

Certes, mon histoire familiale, l'exemple et les combats permanents "d'intellectuels de gauche" de mes parents, auraient probablement suffi à ma construction de "femme libre" mais là, dans ce livre, tout y était limpide, éclairé, disséqué.

Oui, cette année là, Elena expliqua -grâce à Antoinette- à la fillette que j'étais encore, qu'outre un cerveau (ce dont déjà je ne doutais pas), elle disposait d'une essence à ne pas sous-évaluer, sa féminité, qui n'était pas une masculinité en moins bien ou en plus doux.

Cette précieuse contribution à la définition de ma liberté m'est revenue en mémoire en lisant hier le portrait délicat d'Antoinette Fouque écrit par Catherine David dans le dernier Nouvel Obs'.

Contrairement à d'autres théoriciennes féministes, notamment Simone de Beauvoir, Antoinette n'a jamais hiérarchisé ou opposé maternité et liberté de femme , non plus que prôné l'affrontement avec l'autre sexe ou -pire- le mimétisme, qui ne sont que des formes perfides d'asservissement pourtant combattu.

J'aime cette femme comme ma mère d'une affection infinie et respectueuse mais je la reconnais surtout comme ma soeur, notre soeur à toutes, nous qui portons cette part d'humanité à la fois unique, aboutie et universelle.

Oui, Antoinette, malgré ce fauteuil qui désormais te soutient, les engagements que tu continues d'initier font de toi une grande femme debout..

 
Christiane Belotti-Maridat pour Bordeaux Avance