PAPIYON VOLE, PAPIYON SA KA VOLE….

Publié le par Bordeaux Avance

Cette frivole comptine que fredonne une de mes filles – comme un acte pavlovien en revenant sur l’île de ses premières années d’école maternelle – prend aujourd’hui un sens nouveau… peut-être est-ce l’envol du papillon, enfin !

Enfant, j’avais lu avec délectation un ouvrage de la bibliothèque rose intitulé – de mémoire – Clara chez les Blanc-Blanc, l’histoire édifiante d’une gamine de mon âge, enfant de colons, sympathisant avec une fillette noire, plus jeune rejeton de la famille Blanc-Blanc !! Une vision incroyable des colonies, condescendante et compassionnelle à souhait, certes, un truc écrit dans les années 30, fleurant bon le Banania !

 

Bref, en arrivant en Guadeloupe pour y vivre, il y a quinze ans, j’étais naïvement convaincue que la République, et la gauche de surcroît, avaient éradiqué toutes différences, sur le plan du droit tout au moins. J’ai vite pris la mesure du décalage absurde et inique : un SMIC très inférieur à celui de la métropole, des allocations familiales minorées (des fois que « l’argent-braguette » aurait favorisé encore davantage  la démographie locale !), une absence de prise en charge des fournitures scolaires de l’enseignement primaire sur la quasi totalité de l’île (à l’exception des rares municipalités communistes), pas de restauration dans les collèges publics, un coût des denrées injustifié, un amas surréaliste de bidonvilles autour de Pointe-à-Pitre, un sous-emploi patent des locaux dans les entreprises gérées par les métros, un pathétique inventaire… Depuis, les disparités en terme d’allocations ont été quelque peu gommées, les collectivités territoriales ont pris leur part autant que possible dans les prérogatives qui leur reviennent, mais tant reste à faire, à commencer par le respect.


Le plus étrange pour moi était cette résignation de la population locale, incompréhensible…et les élections successives  confortant  des potentats locaux aux mœurs condamnables mais jamais ou presque condamnées, un clientélisme vigoureux et infantilisant ! Et puis, hélas, une société guadeloupéenne hiérarchisée et cloisonnée – et pas selon l’unique critère manichéen noir-blanc ! Des communautés clivées  par une sorte de déterminisme archaïque issu de l’histoire de la colonisation, ancré dans des réalités économiques inéluctablement conflictuelles.

On assiste aujourd’hui soit à un soubresaut sévère de ce système soit et je l’espère, à l’envol du papillon !

Christiane Bélotti-Maridat

Le Moule, 19 février

      

 

 

 

Publié dans Billet d'humeur

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Q
C'est bien d'avoir des nouvelles parce que, quand même, on aime bien avoir des nouvelles...Et puis pour une fois qu'on a la même analyse
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